• Ceci est mon testament

    Gaby Zryd-Sauthier    Martigny juin 2011  Chronique d’une V.D.I.   ( Vieille Dame Indigne)

     

    Ceci est mon testament

     

    Dans la cour de l’école, les vestes des écoliers font un carnaval de confettis colorés, jusqu’au do-mi-sol-do à l’heure d’entrée.

    Je pense à tous ces destins en devenir dans notre bonne ville de Martigny.  

    Ils se forment dans la facilité, la paix, la sollicitude, l’abondance. Apparemment sans privation, apparemment sans détresse.

    Et mon cœur s’inquiète: seront-ils suffisamment munis d’espérance,  si  la chance tourne ? Auront-ils des raisons de vivre, si leur vie devient rude ?  

    Alors, je fais mon testament, et je distribue à la volée les trésors qui m’ont rendue heureuse. Prenez, les petits, profitez! Je lègue au hasard !  

    En prime : Le Catogne. C’est du solide. Qui veut du Catogne et de son match contre le soleil, au printemps? La victoire du soleil est garantie depuis des millénaires. Suivant la position locale, c’est une heure de soleil en plus, d’un jour à l’autre. Prenez cette joie, il suffit d’observer. Qui va recevoir mon don de l’émerveillement ? 

    Je vous lègue la Tour de la Bâtiaz, c’est une image bonne à emporter en exil. Elle a rassuré les inquiets de tant de générations ! Sur le chemin du retour, on voit sa silhouette, et on sait qu’on est au pays. Peut-être un jour direz-vous à vos enfants les noms des camarades avec qui vous jouiez dans l’enclos. L’amitié survit au temps, comme ces murs bâtis par nos ancêtres.  Je vous donne la Tour sur le roc, elle est ferme comme une amie fidèle. Je vous donne la persévérance dans vos élans d’affection.  

    Je donne la Dranse et sa chanson. On l’entend mieux le soir, les amoureux l’écoutent et en nourrissent leur bonheur. Je souhaite à tous de connaître les joies et les extases de la passion. Cependant, la chanson de la Dranse rappelle qu’existent aussi l’amour parental, l’amour conjugal, l’amour du Créateur et de ses créatures. A toi qui reçois la Dranse,  je lègue le bonheur d’amour, sous la forme qui t’est réservée.

    Reste l’arc-en-ciel. Les scientifiques eux-mêmes se taisent quand il apparaît après l’orage. Je vous donne ce silence qu’il crée quand il monte de la plaine aux nuages. Vous le sentez, c’est vous qui le dites : de la terre au ciel. Je vous donne l’espérance, et le don de vous interroger. N’oubliez pas : l’être humain est le seul animal qui se pose des questions sur sa raison d’être. Le seul animal aussi qui sache rire. Je vous lègue la joie et la sérénité. Vous serez l’arc-en-ciel après l’orage.

     

    G.Z-S ( copyright  juin 2011. Toute utilisation des oeuvres ou d’extraits n’est permise qu’avec l’autorisation de l’auteur)


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